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PEACE AND SPORT, UNE ÉQUIPE CHAMPIONNE DU MONDE DE LA PAIX

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  • 5 juil.
  • 9 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 6 jours


PAR THIERRY SUIRE

PHOTOS : PEACE AND SPORT


Des soldats de la paix. Des champions, des éducateurs, des bénévoles mobilisés par l’organisation Peace and Sport pour promouvoir la fraternité entre les peuples. Pour façonner un monde plus sûr,

plus équitable et plus inclusif. Avec le sport pour seule arme.

L’organisation monégasque Peace and Sport, c’est une équipe qui s’est donnée pour mission de bâtir des ponts là où d’autres tirent des barbelés : utiliser le sport comme moteur de dialogue, de cohésion et de réconciliation. Peace and Sport, c’est un grand élan solidaire qui agit tout autour de la planète autour d’un programme d’actions dans lequel des milliers d’enfants et de jeunes sont suivis. Ce sont des rendez-vous annuels sur le terrain ou des rencontres au sommet pour « créer, par le sport, une culture de paix ». On détaille ses principales actions avec son directeur général, Jean-Jérôme Perrin-Mortier.

 

Les projets de terrain

L’organisation Peace and Sport est profondément ancrée dans l’action de terrain. Dans des camps de réfugiés, comme celui de Zaatari en Jordanie, dans des quartiers sensibles en Haïti ou encore dans des zones post-conflits en Afrique de l’Ouest, elle développe des programmes éducatifs et humanitaires via le sport.

À travers l’application Peace and Sport by MyCoach, les éducateurs locaux, recrutés par l’association, peuvent s’appuyer sur des contenus pédagogiques pour enseigner la coopération ou la tolérance à travers des activités sportives adaptées. « Notre métho-dologie recouvre 300 exercices par sport en 3 langues », précise son directeur général.

Parmi les initiatives de terrain emblé-matiques de l’association, les Jeux de l’Amitié occupent une place à part. Organisés dans des zones où les tensions interethniques ou communautaires sont fortes, ces rencontres sportives permettent à des jeunes issus de groupes en conflit de se rencontrer, de jouer ensemble, et d’échanger autour de règles communes. Encadrés par des Champions de la Paix et des éducateurs formés, ces Jeux incarnent l’essence même de l’action de l’organisation : bâtir une paix réelle et durable, par la jeunesse et pour elle. Les Jeux de l’amitié des Grands Lacs ont ainsi vu se côtoyer des jeunes de différentes ethnies issues de la République démocratique du Congo, du Burundi et du Rwanda, sous les yeux, notamment, du champion olympique burundais du 5 000 m, Vénuste Niyongabo, ou encore de l’athlète paralympique d’origine burundaise, Jean-Baptiste Alaize.

 

Le Forum

C’est l’un des rendez-vous phares de l’organisation. Le Forum Peace and Sport est organisé tous les ans, en alternance entre Monaco et un pays hôte. Il réunit des décideurs, des ONG, des représentants gouvernementaux, des champions et des éducateurs de la paix pour échanger sur les stratégies concrètes permettant d’utiliser le sport comme moteur de vivre-ensemble. « C’est une plateforme d’échanges sur les bonnes pratiques. On a des chefs d’État qui viennent écouter des éducateurs de paix par le sport et inversement des éducateurs qui écoutent des chefs d’État », détaille Jean-Jérôme Perrin-Mortier. À travers des tables rondes et des rencontres au plus haut niveau, le Forum fait émerger des solutions innovantes. C’est aussi un lieu où se construit une diplomatie alternative.

 

Les Awards

« Lors de la soirée de gala du Forum, nous remettons des prix aux meilleurs acteurs de paix par le sport de l’année », explique Jean-Jérôme Perrin-Mortier. Ces Peace and Sport Awards récompensent des personnalités, des initiatives locales ou encore des programmes internationaux. Lors de la dernière cérémonie, Tony Estanguet a reçu l’Awards de « Personnalité de l’année » pour l’atmosphère créée lors des Jeux de Paris tandis que l’athlète réfugiée d’Éthiopie, Sifan Hassan, championne olympique à Paris du marathon, a été nommée « Championne de la Paix de l’année ». « C’est un parcours de vie qu’on a récompensé ».

 

Le Prix Sócrates

En 2022, l’organisation du Ballon d’Or a créé le Prix Sócrates en partenariat avec Peace and Sport et la famille du footballeur brésilien réputé pour son engagement en faveur des causes sociales. L’objectif est de « récompenser les joueurs qui utilisent leur influence et leurs ressources pour avoir un impact positif en dehors du terrain ». Sadio Mané a été lauréat en 2022, Vinícius Júnior en 2023 et la capitaine de l’équipe de football espagnole, Jenni Hermoso en 2024.

 

La White Card

Chaque année, le 6 avril, à l’occasion de la Journée internationale du sport au service du développement et de la paix, des milliers de personnes dans le monde entier brandissent « un carton blanc ». Ce geste, initié par Peace and Sport, est devenu un symbole mondial de paix, à l’opposé du carton rouge, synonyme d’exclusion.

 

Les Champions de la Paix

Ils sont les porte-voix de Peace and Sport. Ses ambassadeurs. Une équipe mobilisée vers un seul but : faire gagner l’esprit de tolérance. Ils sont une centaine, anciens ou actuels sportifs de haut niveau, à mettre leur notoriété et leur engagement au service des causes défendues par l’organisation. « Avec ces champions, on travaille le développement de leur engagement soit à travers des actions de Peace and Sport, soit en les accompagnant dans la mise en œuvre de leurs actions à travers leurs Fondations », précise le directeur général de l’association.

De Blaise Matuidi à Paula Radcliffe, en passant par Tatiana Golovin, Didier Drogba et bien d’autres, ces figures inspirantes interviennent sur le terrain, participent à des actions éducatives, ou prennent la parole à la tribune de l’ONU ou de l’UNESCO pour montrer que le sport peut changer les vies, au-delà des podiums. Et rendre le monde plus juste.

 


Jean-Jérôme Perrin-Mortier : bio express

Originaire de Champagne, Jean-Jérôme Perrin-Mortier est un enfant du canoë-kayak. Athlète Élite, il croise Tony Estanguet avant de s’orienter vers le coaching. Il est recruté en 2004 par la Chine pour préparer l’équipe nationale en vue des Jeux de Pékin. Il s’engage ensuite auprès de la Fédération internationale de canoë-kayak pour faire du développement en Afrique. En Afrique du Sud, il monte, avec Cameron Macintosh, le club Amadonsa (qui signifie « pagayer-pagayer » en zoulou) pour que les enfants des townships puissent accéder à des

activités sportives. Il entraîne les équipes nationales d’Afrique du Sud, du Togo et d’Azerbaïdjan lors des Jeux de 2008, 2012 et 2016. Avec le kayakiste togolais Benjamin Boukepti, il décroche le bronze aux Jeux de Pékin, première médaille olympique de l’histoire du Togo, puis deux autres médailles avec l’équipe d’Azerbaïdjan à Rio en qualité de Head of canoe Team. Fort de son expérience en Afrique et en Asie, il intègre, en 2017, l’organisation Peace and Sport comme directeur des programmes de terrain. Il occupe ensuite le poste de directeur adjoint, avant de devenir, en 2022, directeur général de l’organisation.

 

Contact : Peace and Sport, L’Aigue Marine - 10 rue du Gabian - 98000 Monaco Tél : +377 97 97 78 00 ; contact@peace-sport.org ; Site : www.peace-sport.org

 

 

Joël Bouzou, Président-fondateur de Peace and Sport

« Par le sport, on peut bloquer

la transmission des haines »

 

Le champion du monde 1987 de Pentathlon moderne et médaillé de bronze olympique a fait des valeurs du sport le levier d’une action humanitaire planétaire au service de la paix entre les peuples.

Mettre un pied dans le bureau monégasque de Joël Bouzou, c’est plonger dans une vie de sport. L’écouter, c’est se laisser embarquer aux quatre coins de la planète, guidé par des récits où la fraternité et le dialogue entre les peuples sont les seuls véritables enjeux. Infatigable et intarissable, l’ancien pentathlonien, 69 ans, démultiplie ses forces pour construire un monde meilleur. Faisant des valeurs du sport le moteur de son action humanitaire. Sa philosophie. Une vision qu’il partage avec passion au fil d’un entretien où chaque mot résonne avec son engagement profond.

 

Le sport, c’est votre fil d’Ariane ?

C’est mon chemin de vie. C’est un père prof d’EPS et maître d’armes qui m’initie à tous les sports. On y apprend à partager avec d’autres. On y rencontre toute la société, ceux qui sont plus à l’aise que nous, ceux qui ont moins. On a tous le sport en commun. On ne s’en aperçoit pas mais on a une relation égalitaire par le sport. Je suis un touche-à-tout. Alors, ce sera le Pentathlon (cinq disciplines : natation, escrime, saut d’obstacle en équitation, tir au pistolet et course à pied). Je pratique en compétition jusqu’au niveau international. J’y découvre d’autres cultures. Les différences effraient parce qu’on sort de son référentiel de vie. Mais, par le sport, on va appréhender cette différence et, un jour, on va même l’apprécier. Le sport est un accélérateur de compréhension de la diversité. C’est un espace de dialogue.

 

C’est le point de départ de votre engagement…

Dans le sport, quels que soient les groupes ethniques, religieux, sociaux, culturels ou géographiques, il y a de l’équité. C’est l’égalité des chances devant la règle. C’est ce que j’appelle « la règle universelle ». En 1991, je crée le mouvement Rassemblement par le sport dont le but est d’utiliser le sport pour intégrer la jeunesse des quartiers. A partir de 1997, j’arrive à Monaco comme Secrétaire général exécutif de la Fédération internationale de Pentathlon. Ici, je réalise que ce que je fais au niveau national, on peut le faire au niveau international. Je vois, d’un côté, les chefs d’État qui font face à des divisions et, de l’autre, la neutralité de chaque sport. La réflexion est simple : puisqu’on peut faire quelque chose pour la paix par le sport, alors il faut le faire. C’est la naissance en 2007 de Peace and Sport.

 

Quelle est la philosophie de l’association ?

L’égalité des chances devant la règle, c’est l’essence de l’association. La société n’est pas égalitaire mais le sport l’est. Peace and Sport n’est pas une organisation qui développe des actions pour le sport, c’est une organisation qui développe des actions par le sport. C’est la paix par le sport, « peace through sport ». Le mot « par » est fondamental.  Quand vous allez dans des zones où règne une extrême pauvreté, vous pouvez travailler sur l’équité par un sport simple. Il suffit de deux piquets en bois et d’un filet de pêche au bord du lac Tanganica pour initier une partie de volley-ball. Chacun aura des partenaires et des adversaires. Et si on fait des équipes mixtes entre deux groupes ethniques, il y aura une histoire qui s’écrit, une relation séparée des problèmes qu’il peut y avoir entre ces groupes. Les leaders de chaque communauté peuvent échanger, par le sport au début, puis évoquer des problèmes plus compliqués ensuite parce qu’ils sont en proximité.

 

En quoi le choix de Monaco comme siège de votre organisation est-il important ?

Ici, il y a un chef d’État qui est 5 fois olympien. Le Prince Albert-II comprend fondamen-talement le sport de l’intérieur. Il n’a pas eu peur de prendre le risque d’être dernier dans le sport quand la vie l’a placé premier dans la société. Et puis, Monaco a une crédibilité de l’indépendance et de la neutralité. Cette neutralité, je la mesure à chaque déplacement. A peine créée, l’association obtient un rendez-vous en moins d’une semaine avec Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, à partir d’une demande adressée de Monaco. Ici, on n’est pas sur un échiquier d’alliances, on a une crédibilité de la neutralité.

 

Une rencontre qui vous a marqué, qui vous a profondément touché ?

Il y en a beaucoup. J’ai rencontré Nelson Mandela, au moment de la création de Peace and Sport. Il avait validé le concept que je proposais, c’est un sacré encouragement. Siya Kolisi, capitaine de l’équipe de rugby d’Afrique du Sud, est aussi un symbole. Il incarne cette idée que le futur social de chacun n’est pas écrit pour toujours. Il sort d’un ghetto, sa maman a 16 ans quand il naît. Aujourd’hui, il parle à des chefs d’État et c’est arrivé par le rugby.

 

Vous percevez l’impact de vos actions sur le terrain ?

Au global, nous menons des études de mesure d’impact, en lien avec des Universités comme celle de Paris-Nanterre. Mais, il y a aussi ce que nous vivons très concrètement sur le terrain. Comme en 2010, lors d’un déplacement à Haïti après le terrible tremblement de terre. Nous avions fait livrer 1 000 jeux d’échecs pour occuper les enfants. On se rend sur place 3 mois plus tard avec Christian Karembeu et on découvre un enfant de 5 ans, seul, sous une tente à moitié écroulée. On le fait entrer dans notre programme. Et, par nos actions, on découvre que ses parents ne sont pas morts. Il peut les retrouver. C’est un moment bouleversant. J’ai d’autres images, comme les Jeux de l’amitié au Burundi. Je suis avec Vénuste Niyongabo, seul champion olympique du pays. Il est reçu comme un héros aussi bien dans son pays qu’en République démocratique du Congo. C’est une révélation : voilà un rôle modèle, voilà comment on peut rassembler des gens divisés autour d’un champion.

 

Dans un conflit ouvert, l’action humanitaire par le sport est-elle audible ?

En situation de conflit ouvert, il n’y a pas de paix par le sport possible. On ne décrète pas la paix avec un sifflet ou d’un coup de baguette magique. Mais on peut toujours créer du dialogue, de la communication, par l’intermédiaire de nos champions par exemple. Pendant la guerre, c’est difficile, mais avant et après, il y a du travail. On peut anticiper, faire de la prévention. Chercher la bonne discipline : on peut activer des sports de luttes ancestrales qui ont du sens pour les ethnies divisées. Leur montrer qu’ils ont un dénominateur commun. Au Turkménistan, il y a des luttes à cheval qui sont très fortes culturellement. Cela permet de les toucher dans leur identité. Et puis, il y a tout le travail de réconciliation après un conflit. Bloquer les haines transmises et combler les fossés creusés.

 

Quels sont les projets pour l’avenir de Peace and Sport ?

Un nouveau challenge, c’est de développer une économie de la paix par le sport. Puisque le sport est un investissement pour la stabilité et que la stabilité c’est ce qui permet des échanges économiques sereins, alors, pourquoi les acteurs économiques ne seraient-ils pas aussi des financeurs de cette stabilité ? C’est un vrai champ pour demain.

 
 
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