PAR THIERRY SUIRE
PHOTO SEBASTIEN BOTELLA
Un scénario de vie sportive à rebondissements. Une personnalité entière avec un cœur en or. Et une amitié sans ombre avec le vidéaste et réalisateur Sébastien Botella. Tous les ingrédients étaient réunis pour produire un docu sportif intense en émotions et en suspense.
Il passe du rire aux larmes comme il saute d’un agrès à l’autre. Ses doutes, ses joies, les épreuves, le long chemin emprunté par Samir pour concourir aux Jeux de Paris... Sébastien Botella, photographe et vidéaste pour le Groupe Nice-Matin, ne voulait rien louper. Par amitié. Par passion de l’image. Et, petit à petit, l’idée d’en faire un documentaire s’est imposée. Une évidence. Garder trace de tous ces moments d’intimité qu’il a la chance de partager depuis de longues années déjà.
« Je connais Sam depuis 2008. A l’époque, je suis pigiste sportif pour Nice-Matin et lui a déjà glané des médailles nationales et internationales. Je l’interviewe, on a des amis en commun, on se recroise. Un lien s’est noué et a perduré », rembobine Sébastien.
Le journaliste suit avec un œil plus attentif qu’aucun autre les aventures de son ami. Vibre avec lui. S’enthousiasme pour ses exploits. Accuse le coup dans les moments difficiles. « Déjà, en 2012, quand il se blesse avant les Jeux de Londres, l’histoire me marque ». Quatre ans plus tard, à Rio, le photographe fait le forcing pour être du voyage. Se fait accréditer au dernier moment. « Avec Samir, on est déjà proche. On est ensemble la veille de la journée de qualif’ ». La suite, on la connaît : une prestation aux anneaux qui lui ouvre la voie à une médaille et, dans la foulée, une terrible fracture au saut de cheval. « Je me revois en train de mettre des coups de pieds dans la barrière devant moi. C’est tellement injuste », se rappelle encore Sébastien Botella. Avec le rédacteur de Nice-Matin qui couvre ces Jeux, François Paturle, ils sont les seuls journalistes autorisés dans la chambre d’hôpital, aux côtés de la famille et des proches. Sébastien est là quand Samir repose le pied au sol. Le soir, ils se retrouvent au Club France. « Je mesure l’engouement autour de lui ». Une histoire singulière qui fait son chemin dans la tête du passionné d’images.
D’autant qu’il connaît le gymnaste par cœur. « Samir a une telle force mentale qu’après un moment difficile, il se projette immédiatement sur un autre objectif. Il donne rendez-vous. Je sais qu’il va le faire ». L’histoire se répète à Tokyo avec cette blessure qui le prive du podium. Le scénario du « Jour sans fin » déporté sous les anneaux de l’olympisme. Et cette nouvelle quête pour le plus beau des happy-end à la maison. « Quand l’équipe de France de gym ne se qualifie pas, je comprends que ça va encore être une galère. Je ressens l’ampleur du challenge. Mais je connais sa détermination incroyable. Et, cette fois, je veux raconter, témoigner de son parcours du combattant, de toutes les étapes de reconstruction... »
« J’ai le sentiment de vivre des moments
extrêmement privilégiés avec un athlète exceptionnel »
Il le suit dans chaque instant de son projet olympique, capte avec sa caméra tout le processus de préparation physique et mentale, les rendez-vous sportifs, mais aussi « tous ces moments hors compétition que les gens ne voient pas ». Il agrémente le tout de nombreuses interviews, de ceux qui l’ont côtoyé depuis l’enfance, sa famille... « L’idée, c’est de proposer un maximum de regards différents sur Samir, mais aussi sur la gym, sur les anneaux. Montrer ses forces, ses failles, le doute, la pression. Montrer des moments hors protocole, dans sa chambre... »
Le vidéaste, qui s’est aussi fait accepter par l’équipe de France, a accès à tout. « J’ai le sentiment de vivre des moments extrêmement privilégiés avec un athlète exceptionnel. Dans son parcours, il y a un côté exemplaire. Il tombe, il se relève. Il promet, il fait... Et puis, humainement, c’est un mec tellement attachant ».
De l’autre côté de la caméra, Samir Aït Saïd n’a pas hésité un instant pour donner carte blanche à Sébastien. « C’est quelqu’un que je considère comme un frangin. La compétition, c’est la partie émergée de l’iceberg. Mais, là, on verra tout. Les images vont être canons et j’espère qu’il y aura une belle fin ».