PAR SÉBASTIEN NOIR —
PHOTOS FONDS PERSONNEL
Le nouveau champion du monde d’apnée dynamique monopalme (qui a également obtenu le bronze et battu le record national en bipalme) est aussi un artiste qui dépeint le mal être qui lui a collé aux basques et dont il est enfin débarrassé.
Clément Lessaffre affiche un immense sourire. Une joie qu’il a atteinte après avoir touché le fond. Une tristesse abyssale qu’il mettait en lumière dans ses portraits. Clément respire – enfin – le bonheur. Pour son titre de champion du monde, glané en juin à Kaunas en Lituanie ? Bien entendu, mais aussi, et surtout, il s’est enfin débarrassé de ses démons.
Plongeons avec lui en enfer avant de sortir la tête de l’eau même si elle reste encore un peu trouble…
« J’étais un enfant battu ! »
Nous sommes dans le Nord de la France. Clément est l’aîné d’une fratrie qui comprend également un frère et une sœur. Et au plus grand, on ne pardonne rien. Le coupable idéal. Surtout pour le paternel…
« J’étais un enfant battu par mon père qui, hélas, n’était pas parvenu à se défaire de ses maux et les a reproduits sur moi. Renfermé, à l’école, j’ai été humilié, harcelé, traumatisé par les autres enfants. Lorsque je me regardais dans la glace, j’avais honte. Je ne voyais qu’une sous-merde ».
Au rappel de ces souvenirs toujours enfouis, Clément est au bord des larmes. Il ferme les yeux, comme un barrage à ces gouttes d’eau salée qu’il aime tant aujourd’hui. Pourtant, il ouvre les vannes : « Lorsque mon père me battait, je me mettais en apnée en attendant que ça passe. Aujourd’hui, ça m’aide. Et, surtout, je décide moi quand je sors de mes apnées ».
Sa phrase est lâchée. Il souffle. Aspire par goulées immenses, comme s’il avalait la vie. Enfin ! Les poumons pleins, il peut laisser s’échapper cette vérité qu’il a toujours enfermée au plus profond de son âme. « Mon père est décédé il y a peu. Je suis arrivé une heure après son départ. Mais je lui ai demandé de m’aider à ne retenir que le positif. Et ce fut le cas. Ma colère a immédiatement disparu. Aujourd’hui, je le sais serein là-haut. On est potes, on se parle… Je peux enfin lui expliquer que l’apnée et l’art m’ont guéri de mes blessures ».
Dépeindre des visages en souffrance… son visage
L’art. La peinture. Clément Lesaffre explique : « J’utilise une technique singulière. J’enlève la peinture plutôt que je la pose. C’est de la ‘’dépeinture’’. Je dépeins des situations, des émotions ».
Ses émotions essentiellement. Car l’apnéiste n’en a pas conscience, mais cet art est sa meilleure thérapie. « J’étais dans la surproduction de portraits, qui sont l’enveloppe de l’âme.
Des visages en souffrance, qui poussaient un cri pour appeler à l’aide. C’était clairement autobiographique, même si je l’ignorais à l’époque. Désormais, je les idéalise dans la projection. Je les projette sur la montagne, sur un arbre, afin de valoriser l’humain ».
Et puis, là encore en laissant parler le subconscient, Clément dessine des corps en lévitation dans l’eau. Change de couleur pour dépeindre. « Je trouvais ça très beau ces corps dans l’élément liquide. J’étais fasciné. J’ai utilisé du bleu de Prusse, qui rappelle les abysses. Finalement, il s’agissait de mes désirs profonds ».
Une volonté que sa compagne de l’époque avait bien analysée : « Elle m’a offert une licence et des palmes. Elle m’a dit arrête d’en parler et mets-toi à l’apnée. Et l’incroyable s’est produit : ça a marché assez vite ».
Nice, la terre promise de l’eau
Oui, mais voilà, Clément Lesaffre avait besoin d’un second souffle pour atteindre ses aspirations les plus profondes. Evidemment, quoi de mieux que toucher la terre promise de l’apnée pour réaliser des miracles. Nice. Là où tout a commencé.
Là où les tables des lois de la discipline ont été écrites. « Dès que j’ai posé les pieds à Nice, j’ai compris que c’était là… »
Clément cherche à se loger. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il lit une petite annonce de Val Leferme, l’épouse du très regretté Loïc, champion du monde de No Limits décédé dans la rade de Villefranche. « L’évidence était plus grande encore. C’était magique ».
Clément Lesaffre se prend alors d’amitié pour Inès, la fille de Loïc et Val. « Nous avons une relation fraternelle. J’ai réalisé le film hommage pour les quinze ans de la disparition de Loïc. Nous l’avons visionné dans le salon. Quelle émotion ».
La famille Leferme a tout naturellement suivi les progrès réalisés par Clément à Nice. Entraînements. Apnées. Victoires. Jusqu’à ce titre mondial de juin. Et pourtant, ce n’est pas l’aboutissement que recherchait Clément. « J’étais en quête de reconnaissance grâce à l’art et l’apnée. Mais, qu’y avait-il derrière ces titres et ces records ? Ces toiles ? Un grand vide ? Une vive dépression ? Il fallait que j’existe par moi-même et non à travers le regard des autres. J’ai transformé ce moteur en joie, en plaisir. Je sais que je reviens de loin, mais, aujourd’hui, je suis debout ! Et heureux ! »
Õdevie, source de la réussite
« La solution Õdevie s'est avérée un réel soutien dans ma quête sportive et émotionnelle. Alors que ma saison 2023-2024 battait son plein, j'ai dû affronter une série d'événements personnels. Ces derniers auraient pu amoindrir mes capacités physiques de manière très significative. La solution isotonique quotidienne de 114 ml d'Õdevie pour 400 ml d'eau au quotidien m'a non seulement consolidé physiquement, mais m'a donné la force nécessaire pour me ramener une stabilité émotionnelle et maintenir une santé mentale, élément nécessaire pour affronter la vie, les entraînements et les compétitions.
Il agit comme un générateur cellulaire en profondeur, autrement et simplement dit, je me sentais plus fort.
Õdevie a sûrement participé à l'obtention de mes titres de champion de France 2023 et de champion du monde 2024 ».
« J’aime le contact avec le public »
Bien évidemment, Clément Lesaffre poursuit aujourd’hui ses activités
nautiques et artistiques. Mais il s’épanouit surtout au sein de conférences au cours desquelles il cherche à transmettre ses passions, ses engagements. Il tente également, à travers des événements particuliers, à sauver et valoriser le patrimoine matériel et immatériel lorsqu’il est danger : « J’ai interrogé des gens, en plans serrés, afin qu’ils livrent leur vision de la région, de ses valeurs. Sur l’idée qu’ils se faisaient de la transmission également. Le but était de récolter des fonds afin qu’une des dernières, sinon la dernière verrerie du nord, poursuive ses activités. Ce qui me passionne désormais, c’est d’aller au contact du
public. Bien sûr, je vais poursuivre l’apnée, je n’ai débuté qu’il y a quatre ans finalement, j’ai encore une marge de progression. Mais mes titres ou mes records ne sont pas un aboutissement, ils m’aident surtout à atteindre ces objectifs. ».