PAR SEBASTIEN NOIR
PHOTO FONDS PERSONNEL JEAN-NOËL FERRARI
Jean-Noël Ferrari, aujourd'hui maître d'armes au club de l'OGC Nice Escrime, est en pole position des fleurettites français lorsque débutent les Jeux de Sydney.
Champion du monde par équipes l’année précédente à Séoul, il arrive en Australie avec l’étiquette de favori. « Lorsque j’atterris à Sydney, je me dis surtout qu’il fait très froid pour des Jeux d’été, éclate-t-il de rire. Et j’ai découvert le village olympique, le bâtiment réservé à l’escrime. J’étais déjà dans la compet’ ».
Et elle arrive vite. Très vite. Ferrari roule. Fonce dans le tableau. Trop vite ? Peut-être… Il va vivre un « arrêt au stand » beaucoup trop long. « Avant les demi-finales, j’ai dû attendre 4 à 5 heures. On est reparti au village, ça m’a coupé les jambes. J’ai un grand gabarit, un peu diesel, je n’ai pas eu le temps de me remettre en route ». Il échoue en demie. Perd d’une maudite touche pour le bronze. Une dernière touche. Et pourtant…
Pourtant, le 22 septembre 2000, dans une salle surchauffée, la France est malmenée en finale.
« J’étais heureux, délivré.
Je ne pensais plus à rien »
La Chine mène 43-40. Lorsque le Le D’Artagnan niçois entre en piste après les autres mousquetaires tricolores, Brice Guyart, Patrice Lhôtellier, Lionel Plumenail.
Tous pour un. Un dernier pour tous. Jean-Noël Ferrari se retrouve face à Haibin Wang. La température grimpe encore. Tout se bouscule sous le casque de Jean-No. « C’était très compliqué. Finir représente un grand poids sur les épaules. Mais je n’avais plus rien à perdre. Alors, je me lance sans réfléchir ».
Ferrari touche. Encore et encore. L’air est irrespirable. 44-44. Un dernier assaut. Un point décisif à aller chercher. Les deux tireurs se jettent. Touchent. Ôtent leur casque, persuadés de l’avoir emporté. Une attente interminable. Et puis, les jugent donnent la victoire à Jean-Noël. Aux Bleus. « J’étais heureux, délivré. Je ne pensais plus à rien, sincèrement. Juste la délivrance. Comme sur le podium d’ailleurs. Ça fait toujours plaisir, c’est toujours un immense honneur d’entendre la Marseillaise. De recevoir la médaille d’or. Mais on n’a même pas pu en profiter, l’escrime est en fin de programme. On est reparti chez nous très rapidement ».
Il a tout de même pu aller voir le basket, avec les Américains, « qui m’ont fait rêver à travers la Dream Team lorsque j’étais gosse ».
Jean-Noël déroule l’album souvenirs. Et il sait aujourd’hui qu’il a peut-être vécu l’un des moments les plus forts des JO. « J’ai assisté à la finale du 400 mètres féminin et la victoire de Cathy Freeman. Avec un stade en feu, une ambiance de folie. C’était magnifique ».
Jean-Noël est ainsi. Ses yeux pétillent davantage par les exploits des autres que les siens. Il avoue, toutefois, pour conclure : « Aujourd’hui, avec le recul, cette remontée, assortie de la victoire, reste mon meilleur souvenir sportif ».
La France et Nice aussi s’en rappellent encore…
ATHENES, UN CALVAIRE
… Mais pas la fédération d’escrime qui, quatre ans après, balaie d’un revers de main la sélection de Jean-Noël dans l’épreuve individuelle.
Il n’est que remplaçant alors qu’il occupe la deuxième place des fleurettistes français. « J’ai protesté contre les critères retenus. On a préféré titulariser le troisième et… le neuvième, alors que j’étais le seul Français à avoir fait un podium dans l’année. C’est pour cela que ces Jeux d’Athènes ont été très difficiles. J’avais du vague à l’âme, on ne finit que cinquièmes par équipes. Je n’ai pas aimé Athènes, tout était plus beau à Sydney. Je n’avais qu’une envie : rentrer chez moi, à Nice ».
A Nice où, à l’OGC Nice Escrime, il forme la génération destinée à le remplacer sur l’Olympe des sportifs locaux.