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Jean-Pierre Rivère, 14 ans d’une vie en rouge et noir

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  • 5 juil.
  • 10 min de lecture

Par SÉBASTIEN NOIR

PHOTOS : Fonds OGC Nice

 

Qui est Jean-Pierre Rivère ? La question amène à elle seule plusieurs réponses. Mais, aussi discret qu’efficace, le président de l’OGC Nice se livre peu. Il faut alors lire entre les lignes. L’occasion nous en est donnée aujourd’hui.

 Si le club fête ses 120 années d’existence, Jean-Pierre Rivère, lui, souffle, le 11 juillet, ses 14 bougies passées à la tête du club. Seul un intermède entre le 11 janvier 2019 et le 29 août 2019, en raison d’un désaccord avec la politique menée par le propriétaire sino-américain, a provoqué une parenthèse peu enchantée dans la présidence de Jean-Pierre Rivère. Avant son retour au moment du rachat par Ineos de Jim Ratcliffe. Pas de quoi briser son élan toutefois. Quatorze ans plus tard, si le cheveu a pris davantage de sel que de poivre, la silhouette, elle, est toujours parfaite. Svelte. Élancé et en pleine forme, le visage hâlé, le président du Gym a la passion encore chevillée au corps.

 

L’homme d’affaire

Celui qui fêtera ses 68 ans le 2 septembre est arrivé à Nice à l’âge de dix ans. Depuis, la capitale de la Côte d’Azur est sa ville de cœur.

Et c’est à Nice, en 1996, qu’il fonde et dirige ISelection, une plateforme immobilière qui commercialise les programmes immobiliers après les avoir soigneusement sélectionnés.

L’entreprise est en plein essor : en 2005, Iselection réalise un chiffre d'affaires de plus de 70 millions d'euros.

Un capital que Jean-Pierre Rivère veut investir dans sa passion, le football. Et, surtout, dans le club de son cœur.

 

L’homme de l’OGC Nice

Alors, en juillet 2011, il investit 11 à 12 millions d'euros dans la SASP Olympique Gymnaste Club Nice Côte d’Azur.

L’augmentation de capital est actée, tout comme son acquisition : 51 % des actions lui reviennent via la holding Rivère Sports Invest. Le 11 juillet 2011, il devient alors président du directoire de l'OGC Nice en lieu et place de Gilbert Stellardo, président depuis 2009.

À la baguette, Jean-Pierre Rivère apporte des changements. Mais aussi une ambition nouvelle.

« A l’époque, mon idée était de placer l’OGC Nice dans la première partie de tableau et, de temps en temps, d’aller chercher une Coupe d’Europe. On a plutôt respecté la feuille de route. Aujourd’hui, les ambitions sont différentes, plus élevées », glissait-il à la presse régionale avec un sourire malicieux.​

Ainsi, le nouveau président a pu s’appuyer sur l’Allianz Riviera. Et donc des rentrées financières supplémentaires. Le 1er septembre 2013, le Gym quitte le Ray. Le 22 septembre de la même année le « Grand Stade » est inauguré face à Valenciennes. Les rouge et noir célèbrent cette rencontre inaugurale par un immense succès 4-0. Dario Cvitanich entre dans l’histoire en inscrivant le premier but à l’Allianz.

Mais l’ambition des Aiglons et de leur président prendra également la forme de la construction du centre de formation, une étape si importante pour le Gym. Mais aussi des différents entraîneurs appelés et de joueurs hors-normes « rappelés », même si la plupart des séparations constituent un crève-cœur pour Jean-Pierre Rivère.

 

L’homme des bons coups

L’une de ses plus grandes qualités est sans nul doute sa capacité à rassembler. A unir autour de ce qu’il appelle « l’ADN OGC Nice ». Jean-Pierre Rivère apparaît ainsi comme un président paternaliste – dans le bon sens du terme – qu’il sait diffuser auprès de ses interlocuteurs. Comme il transmet cet ADN.

Chez les différents entraîneurs qu’il a nommés tout d’abord. Ainsi, Claude Puel (2012), avec lequel le club termine à la 4e place et se qualifie à la Ligue Europa dès la première saison, Lucien Favre (2016), qui offre non seulement des résultats probants au Gym, mais propose également un jeu des plus séduisants.

Par la suite, Jean-Pierre Rivère est parvenu à convaincre Christophe Galtier, champion de France en titre avec Lille, même si la fin fut plus difficile, et surtout Franck Haise, l’un des coachs français les plus cotés et demandés.

Voilà pour les staffs. Côtés joueurs, le président a fait plus fort encore.

C’est lui qui est allé chercher l’enfant terrible du football français, Hatem Ben Arfa.

A cette époque, malgré son immense talent, peu avaient approché l’ancien Lyonnais. Jean-Pierre Rivère, lui, est non seulement parvenu à lui faire rejoindre le Gym, mais il a su, avec d’autres évidemment, l’entourer suffisamment pour que Ben Arfa offre le meilleur de lui-même. Les supporters niçois s’en souviennent encore !

Et que dire de Mario Balotelli ? « S’il n’y a ne serait-ce qu’1 % de chances, il faut tenter le coup », avait lancé Jean-Pierre Rivère. Il n’y avait certainement que 1% des dirigeants à pouvoir réussir ce pari.

La dissipée star du football italien était décriée de partout pour son comportement. Il est à la cave à Liverpool. Il sera l’un des plus grands crus du club niçois.

Au Gym, toujours sous l’impulsion de son président, Mario est redevenu Super. Il a non seulement enfilé les buts comme les perles (43 en 66 matchs), mais il a tiré le groupe vers les sommets : 3e de L1 en 2016-17.

On peut ajouter à ces deux immenses réussites, les noms de l'ancien champion de France Younès Belhanda ou encore de Dante. Le toujours capitaine des Niçois à 41 ans n’est-il pas la meilleure incarnation de ce que le président appelle « l’ADN OGC Nice » ?

 

L’homme au grand cœur

Si Jean-Pierre Rivère a su attirer des grands noms, les fidéliser, c’est d’abord parce que le président parle vrai. Sincère et discret, son discours transmet confiance et franchise. Des qualités aussi rares qu’appréciées dans le milieu. La gestion des drames vécus par Kévin Anin et Alexis Beka Beka démontre toutes les valeurs de Jean-Pierre Rivère.

Parce que l’homme est le même dans son club que dans la vie en général. « Le football a ce pouvoir unique de rassembler, d'inspirer et de transformer des vies ». Très touché, comme l’ensemble des Niçois, Jean-Pierre Rivère a voulu rassembler. Il fut l’un des premiers à agir après le terrible attentat du 14 juillet 2016.

Il est venu, avec nombre de joueurs et membres du club, se recueillir devant le Mémorial des Victimes.

Il a ensuite voulu leur rendre hommage avec un maillot spécialement floqué d’un cœur formé par le nom des 86 disparus.

86 anges toujours célébrés à la 86e minute de chaque rencontre…

Jean-Pierre Rivère est également l’instigateur de nombre d’opérations caritatives.

« L’OGC Nice réalise plus de 500 actions sociétales dans la ville et le département, c’est le club le plus engagé socialement », rappelait récemment le journaliste Mohamed Bouafsi. Autant de belles choses réalisées grâce à la création du Fonds de dotation : « Avec le soutien des partenaires privés et publics, et leur confiance, l’OGC Nice dispose de moyens supplémentaires pour être encore plus utile pour toutes les personnes dans le besoin, et leur apporter du réconfort mais aussi des solutions à leurs problèmes ».

Voilà, peut-être, le résumé des quatorze années de présidence de Jean-Pierre Rivère.

En préambule de ce long bail, il avait déclaré : « On va se débrouiller pour donner le sourire à quelqu’un tous les jours, un enfant, une personne en détresse, peu importe ».

De ces actions citoyennes, comme des résultats du club, Jean-Pierre Rivère peut être fier de son bilan !

 

JEAN-PIERRE RIVÈRE

L’interview


 Président, voilà quatorze ans que vous êtes à la tête de l’OGC Nice. Quels sont vos 5 meilleurs souvenirs ?

> La qualification en Ligue des Champions en 2016–2017, avec une troisième place inoubliable.

> L’inauguration de l’Allianz Riviera, un tournant pour le club.

> La Der du Ray et la montée des supporters depuis la place Masséna.

> Le rachat par INEOS, qui a ouvert un nouveau chapitre ambitieux pour le club.

> La finale de Coupe de France en 2022. Même si elle ne s’est pas conclue comme on le voulait, c’était un moment fort pour tout le peuple niçois.

 

 Les cinq moments que vous avez moins aimés ?

> La tragédie du 14 juillet 2016 à Nice, survenue pendant notre préparation. Tout semblait dérisoire.

> Les périodes d’instabilité sportive, notamment les saisons où on a dû changer d’entraîneur en urgence.

> Les tensions internes qui m’ont poussé à quitter momentanément le club.

> La finale de la Coupe de France perdue face à Nantes, évidemment.

> A chaque fois qu’il y a eu des incidents au Stade (Saint-Étienne, Marseille, Bastia,

Cologne…)

 

 Quels sont les 5 joueurs qui vous ont le plus marqué et pourquoi ?

> Dante – pour sa loyauté, son professionnalisme, son exemplarité.

> Mario Balotelli – parce qu’il a changé la dimension du club médiatiquement et sportivement.

> Hatem Ben Arfa – un génie, une saison magique, une renaissance.

> Jean Michaël Seri – pour son intelligence de jeu, sa régularité.

> Alexis Beka Beka – pour l’épreuve humaine qu’il a traversée. Au-delà du joueur, c’est l’homme qu’on a soutenu, qu’on a vu se relever. Ce genre de moment vous marque profondément, car le football passe après l’essentiel.

 

 Les entraîneurs du Gym qui vous ont marqué ?

> Claude Puel, pour sa rigueur et sa vision.

> Lucien Favre, pour sa philosophie et l’élégance de son jeu.

> Didier Digard, pour l’attachement viscéral qu’il a au club.

> Franck Haise, pour sa gestion humaine et tactique.

> René Marsiglia, parce qu’il a incarné l’âme du Gym avec une humanité rare. Il a sauvé le club dans une période difficile, avec le cœur et une immense sincérité. Il reste dans nos mémoires et nos cœurs.

 

 Les 5 rencontres que vous retenez dans ce parcours ?

> Nice-Valenciennes : l’inauguration du Stade, magnifique ambiance et un score à la hauteur de l’événement.

> OGC Nice – PSG (2017) : victoire

3-1, un match référence.

> PSG-Nice cette saison : nous avons été les seuls à les battre au Parc cette saison, un match très abouti.

> Nice-Saint-Étienne cette saison : Un magnifique score pour un match historique.

> Ajax – Nice (2017) : ce barrage en Ligue des Champions dans une ambiance incroyable.

 

 Si vous aviez une baguette magique, quels sont 5 joueurs que vous aimeriez attirer à Nice ? Et trois entraîneurs ?

Joueurs :

> Luka Modric

> Kevin De Bruyne

> Lamine Yamal

> Vinicius

> Désiré Doué

Entraîneurs :

> Luis Enrique

> Carlo Ancelotti

> Pep Guardiola

 

 Quelles sont les 5 choses que vous aimeriez effacer ou changer ?

> Chaque fois qu’il y a eu des incidents au stade. A chaque fois, c’est un retour en arrière pour le club.

 

 Quelles sont les 5 anecdotes que vous avez retenues ?

> La rencontre et la signature de Balotelli, improbable...

> L’arrivée avortée d’Hatem et la parole donnée de le faire venir quelques mois plus tard.

> Mika Seri qui doit partir au Barça. Tout est prêt. Mais le lendemain, le Barça fait marche arrière. Dur pour le joueur.

> La fois où Clément Grenier doit nous rejoindre, mais Gourcuff se blesse et l’OL bloque la mutation.

> La prolongation surprise de Claude Puel… quand tout le monde pensait qu’il allait être limogé en 2013 alors qu'on était sur une série difficile. On croyait au projet et on savait être sur la bonne voie.

 

 Les 3 choses ou actions dont vous êtes le plus fier ?

> Les actions citoyennes que l’on mène tout au long de l’année et dont très peu sont médiatisés.

> Avoir redonné une ambition au club.

> La construction du Centre d’Entraînement. On avait lancé le projet alors que l’on n’avait pas encore le financement.

 

 Pensez-vous que la fonction de président en général a évolué durant ces 14 années ? Et comment la voyez-vous changer dans les années qui viennent ?

> L’évolution principale vient du fait que le foot demande plus de moyens, ce qui entraine l’arrivée d’investisseurs étrangers. Donc le président à l’ancienne est en train de disparaître. À l’avenir, les présidents devront être des chefs d’entreprise capables de gérer la relation avec les actionnaires, tout en se portant garant de l’identité de

l’institution malgré des investisseurs de toutes nationalités.

 Quel serait le message que vous aimeriez faire passer aux Niçois après ces 14 années à la tête du club ?

> Merci à tous les gens que j’ai pu rencontrer, tous les supporters qui ont toujours étaient bienveillants envers nous. On espère les voir plus nombreux au stade !

 

 Quels seront les objectifs de l’an prochain ?

> Continuer à grandir, performer en Coupe d’Europe, et pourquoi pas… un trophée. Le Gym le mérite.

 

L’HUMOUR

 On vous a vu rire avec votre surnom « Jean-Bière ». Vous êtes également parodié sur les réseaux sociaux. On connaît votre humour, mais dites-nous-en un peu plus là-dessus ?

> Ah, "Jean-Bière", oui… Je prends ça avec beaucoup d’auto-dérision. Je crois que dans ce métier, si on n’a pas d’humour, on devient fou. Les réseaux ? Je regarde peu. Je suis généralement informé par les services du club. Prendre avec humour et si on fait ce métier sans accepter la critique ou la parodie, sans méchanceté, il faut changer de métier. Et depuis quelque temps, on m’appelle souvent Jean-Bière ce qui déclenche le sourire chez moi.

 

L’HOMME

 On connaît le président, un peu moins l’homme… Quelles sont vos passions ? Vos passe-temps favoris ?

> Des passions j’en ai beaucoup. Au-delà du foot, j’ai beaucoup de plaisir à

collaborer avec ma compagne dans des domaines variés, notamment artistiques. Cela fait du bien de s’ouvrir l’esprit. J’aime la vie. J’essaie d’en profiter chaque jour en étant toujours positif et en ayant conscience que je suis un privilégié.

 

 Quels sont les lieux, restaurants ou autres, que vous aimez à Nice ?

> Dans Nice, il y a plein de restaurants que j’aime. On a une chance inouïe de vivre dans cette région !

 

LE PRESIDENT EN QUESTIONS

 Si vous étiez un lieu ?

> Le centre d'entraînement de l'OGC Nice à la Plaine du Var. Un lieu de travail, de construction et d’avenir qui a permis au Club de franchir un cap.

 Un moment de la journée ?

> Le matin très tôt, quand tout est calme et que les idées sont claires.

 Un objet du quotidien ?

> Mon téléphone. Outil indispensable à mes multiples vies.

 Un instrument de musique ?

> Un piano. Pour l’équilibre entre la rigueur et l’émotion.

 Un art ?

> L’architecture. J’aime bâtir, structurer, penser sur le long terme.

 Un plat

> J’aime trop de choses pour n’en choisir qu’un…

 Un dessert ?

> Idem.

 Une boisson ?

> Un verre de bon vin rouge. J’en bois peu...

 Une odeur ?

> L’odeur des fleurs du jardin en général.

 Un mot ?

> Plaisir.

 Un verbe ?

> Aimer.

 Une chanson ?

> Celles de ma compagne. Je les écoute en boucle.

 Un film ?

> Celui qu’on va réaliser avec ma compagne. C’est un projet que l’on a.

 Un réalisateur ?

> Jacques Audiard. Pour sa capacité à raconter la complexité humaine avec finesse.

 Un livre ?

> L’alchimiste de Paulo Coelho. Je l’ai lu étant jeune dans un avion lors d’un voyage, ça m’a marqué.

 Un auteur ?

> Albert Camus. Pour sa lucidité et son humanisme.

 La qualité que vous préférez ?

> La loyauté.

 Le défaut que vous haïssez ?

> Le mensonge.

 Une couleur ?

> Le bleu du ciel azuréen !

 Un personnage ?

> Mon père.

 Une célébrité ?

> Tellement de belle personnes, difficile de n’en citer qu’une.

 Un héros ou héroïne dans la vie de tous les jours ?

> Tous les bénévoles qui au quotidien donnent de leur temps au détriment de leur propre vie pour améliorer celles des autres.

 Un héros ou héroïne dans l’histoire ?

> Mandela. Pour la résilience et la force du pardon.

 Un super pouvoir ?

> Rendre tous les gens heureux. Et que chaque humain puisse boire et manger à sa faim

 Un chiffre ?

> le 10 pour le foot. Il est censé amener le beau jeu.

 Un bruit ?

> La voix de mes enfants.

 Une émotion ?

> L’amour

 Une devise ?

> « Rien n’est impossible, il faut croire en ses rêves »

 
 
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