Matthias Noirel : le Ninja niçois crève l’écran !
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- 5 juil.
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Le grimpeur originaire de Cagnes-sur-Mer a remporté, en 2023, la 8e édition de l’émission de TF1 Ninja Warrior, balayant le record de vitesse sur la Tour des Héros. Dans la foulée, il a profité de sa notoriété et de son pactole de gagnant pour « vivre sa plus belle vie », voguant de plaisir en
plaisir d’Hawaï à New York en passant par Dubaï.
Par Thierry SUIRE

Le sourire accroché à ses lèvres est sa marque de fabrique. Sa signature. A l’écran comme à la ville. Un bonheur communicatif qui a fait sa notoriété à la télé. Avec, bien sûr, son agilité hors du commun qui lui a permis d’enjamber avec aisance les obstacles les plus retors que la production de l’émission Ninja Warrior avait mis sur sa route. Passionné, travailleur acharné, naturellement doué, Matthias n’est toujours pas tout à fait redescendu de la Tour des Héros, l’épreuve ultime qui lui a permis de faire un saut vers une nouvelle vie.
De retour d’un périple de 6 mois à l’étranger, le Cagnois a déroulé, le temps d’un café brumeux sur la place Garibaldi, le fil de sa jeune et exaltante existence.
De chaton perché à Spiderman télé
Aussi loin que s’en souvienne sa famille, Matthias a toujours eu un sévère penchant pour la grimpette. Gamin sans peur, il a rapidement mis de la verticalité dans sa vie. « Ma tante travaillait à la crèche et se rappelle que le seul minot qui escaladait au-dessus des structures de jeux dans la cour, c’était moi ! » Une attirance pour les sommets qui n’a pas échappé aux parents. Dès 6 ans, ils inscrivent le chaton perché au Val de Grimpe, la salle d’escalade locale affiliée à l’US Cagnes. Et c’est le coup de foudre immédiat. « Je suis tombé littéralement amoureux de ce sport, qui ne m’a plus jamais quitté ». Matthias enchaîne les compét’ au plus haut niveau. Se crée sa bande avec un groupe de potes qui bosse à bloc sur les blocs pour performer. Répéter encore et encore. Mentaliser. Appliquer. Inventer. Les grandes voies en extérieur ou les murs de la salle d’escalade habitent ses jours et ses nuits. « On grimpait la semaine en salle et le week-end sur les parois naturelles de la région, c’était très complet », rembobine le passionné qui affiche un niveau 8a en falaise. Des heures et des heures à se cogner aux spots des gorges du Loup ou à s’échapper à La Turbie. « La vue y est incroyable. Là-bas, il y a la grotte Big Ben dans laquelle on peut faire des pendules en se balançant dans le vide avec la Principauté juste en dessous, c’est vraiment sympa… et impressionnant ! »
Le monde du Ninja a débarqué un peu par hasard dans sa vie de sportif nature. « Comme tout le monde, je regarde la télé. Et un soir, avec ma chérie, on est sur le canapé et on se dit que ça doit être cool de participer. Elle me prend au mot, me répond : mais oui, vas-y, tente, inscris-toi ! J’ai envoyé ma candidature et l’aventure a démarré comme ça. » Son profil colle aux critères du jeu. Il s’envole direction Paris pour effectuer les tests physiques. Une formalité pour cet habitué des efforts intenses et de la compétition. Il est retenu pour la saison 5. Première télé. Premières sensations. Premières émotions. Il est le local de l’étape de cette émission tournée à Cannes. « Il y a des caméras partout, des interviews à faire… Et les animateurs-stars Denis Brogniart et Christophe Beaugrand. Tout ça, c’est nouveau, j’étais évidemment stressé ! » Heureusement, dès qu’il arrive au pied du parcours, Matthias plonge dans sa bulle. Une habitude des années grimpe. Avant et après les épreuves, son éternel sourire illumine l’écran. Sur les parcours, il fait le show, montre des aptitudes prometteuses. « Dès la première année, je monte sur le podium de l’émission. Troisième avec très peu d’entraînement spécifique. J’avais fait une seule séance dans une salle de Ninja. J’avais, certes, mes acquis de grimpeur, mais le sport est quand même différent. » Si proche du but, le Cagnois se dit qu’il a un coup à faire pour marquer de son empreinte ce programme populaire. Et se met sérieusement à préparer l’épreuve. « Finalement, il me faudra 4 participations pour décrocher la victoire… » Quatre années d’entraînement, quatre années ponctuées de voyages à l’étranger parce que la France dispose de peu de salles spécialisées.
Des bras de feu sur la tour infernale
Un travail acharné qui finit par payer. La saison 8 est là. Cru 2023. Matthias virevolte d’épreuve en épreuve. Élimine les concurrents mis sur sa route. Poing rageur, cri d’encouragement, pouce pointé vers le haut. Le voilà enfin au pied de la Tour des héros, l’épreuve finale de l’émission, celle où tout se gagne : la notoriété et le pactole de 60 000 euros promis au vainqueur. Seul face à une épaisse corde rouge qui doit lui permettre de s’échapper vers ses rêves. Un tremplin. Un vertige. Seul aussi face à deux anciens vainqueurs du jeu, dont le détenteur du record de l’épreuve, Clément Gravier. Un chrono canon mais qui n’effraie pas l’intrépide cagnois.


« 23 mètres en 23 secondes…
Facile de s’en souvenir »
« Je me suis exercé pendant 5 mois uniquement à la corde. J’avais arrêté tout entraînement d’escalade ou de Ninja. Mon objectif, c’était de gagner et de faire tomber ce record que tout le monde pensait imbattable ». Des séances monotones et douloureuses. « J’y allais avec des protège-tibias et des gants de jardinier tellement la corde est abrasive. » Son employeur de l’époque, Climbing district à Paris, lui a mis à disposition un spot dédié à cet exercice : « Une corde de 13 mètres que je gravissais 2 fois, car dans l’émission il faut gravir 23 mètres. » Résultat : un temps stratosphérique de 23 mètres en 23 secondes. « Facile de s’en souvenir », lâche le grimpeur dans un grand rire. Un mètre par seconde. Et l’explosion de joie au bout de l’effort. « C’est une satisfaction de fou. Cette victoire m’a mis en confiance. Elle m’a convaincu que c’est ma voie, mon mode d’expression. »
Le jeune homme de 23 ans fait aussi l’apprentissage d’un nouveau type de parcours. Les interviews, la notoriété. Il n’en tire que du positif. A l’image de sa personnalité. « J’ai reçu tellement d’encouragements. J’ai aimé les messages de parents qui me remerciaient car leur enfant s’est mis à l’escalade en me voyant à la télé. C’était important de transmettre ma motivation et ma joie de vivre à travers cette visibilité. »
Devenu l’idole sportive d’enfants hospitalisés, Matthias se rend à leur chevet. Pour des échanges d’une grande richesse humaine, d’une grande finesse : « Il y a eu beaucoup de parallèles entre leur vie faite d’obstacles et l’émission. Ils étaient en quête de conseils à la fois physiques et mentaux. C’était très fort. Ils ont une maturité incroyable. » Matthias ressent alors qu’au-delà de la performance sportive le rapport à l’autre et la transmission de ses savoirs sont une voie d’avenir sur son chemin de vie.
D’Hawaï à New York : kiffer la vie
Quatre ans d’efforts pour décrocher son Graal. Il était temps pour Matthias de souffler, de profiter.

« Ma compagne venait de terminer ses études, moi de gagner l’émission. On avait deux choix : soit on se lançait dans la vie pro, soit on entamait un mini-tour du monde pour kiffer pendant 6 mois ». Choix ô combien difficile… Le couple décolle donc pour Hawaï. Quatre mois d’immersion loin de tout. « Je voulais relâcher la pression et m’ouvrir au monde. On avait des cours d’anglais le matin et l’après-midi on profitait. On a appris énormément sur le lien des locaux avec la nature, sur leur spiritualité. Ça m’a énormément marqué, je me suis beaucoup identifié à leurs valeurs. Je suis très nature, amoureux des animaux, végétarien ». S’il a fréquenté les salles d’escalade de l’île, Matthias s’est surtout perfectionné en surf. J’ai surfé le plus possible. C’est La Mecque de ce sport, il n’y a pas plus famous. C’est très physique. Mais les progrès sont là et j’ai pu aller surfer dans le North Shore, à Haleiwa. Il faut le faire une fois dans sa vie ! » Skieur, snowboarder et skateur à ses heures perdues, le Ninja niçois avait quelques prédispositions…
Après ces belles émotions hawaïennes, les amoureux enchaînent avec deux mois à New York. Pas tout à fait un voyage en terre inconnue pour Matthias. A son arrivée, le Cagnois active son réseau Ninja. « J’avais fait, en juin 2024, les championnats du monde Ninja Warrior à Washington (il finit 14e mondial et 1er européen, ndlr) et j’ai gardé le contact de New Yorkais. C’est la capitale du Ninja, c’est là qu’il y a les plus grosses salles d’entraînement. C’était très inspirant de m’entraîner à leurs côtés. Ils ont des années d’avance sur nous ! »
Les Dubaï Games : « La meilleure des compét’ »
Depuis 3 ans, Matthias s’essaie aussi à une autre compétition qu’il affectionne particulièrement : les Dubaï Games. Sa particularité : elle se pratique en équipe. « C’est un mélange de Ninja Warrior et de Koh Lanta avec une dimension stratégique des épreuves, passer les obstacles tous ensemble…C’est la seule en équipe, c’est la meilleure compétition de l’année. On doit prendre en compte les capacités de chacun. »

« Ascension » : l’appli grimpe qui vous fait toucher les sommets
« Avec Pierre Le Cerf et Léo Pasek, on a une belle expérience à la fois d’athlète et de coach. On a décidé de créer ensemble un espace pour permettre aux gens d’atteindre leurs objectifs, où qu’ils soient dans le monde. On a imaginé une application où chacun peut effectuer ses séances avec un suivi très personnalisé. Suivi mental, diététique, technique et physique. Chaque semaine, l’entraînement est adapté aux réussites, aux capacités. Ça marche vraiment bien, les retours sont incroyables ».