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THIBAUT WADOWSKI : L’ESPRIT DE LA MONTAGNE


 Une ascension 8 000 mètres au-dessus de la mer, en haut du mont Manaslu, au Népal, 8e plus haut sommet de la Terre. L’élévation de l’âme d’un homme qui donne du sens à ses exploits. Et qui prépare, pour 2024, la liaison Everest-Lhotse par le col sud.

 

Transformer une grande peur en un immense courage. C’est un accident de vie – l’AVC de son épouse en 2015 – qui a poussé Thibaut Wadowski sur les sentiers de l’alpinisme. Après un an à vivre avec l’angoisse permanente de cette fragilité cardiaque, le couple décide, ensemble, de conjurer le sort. De braver les interdits médicaux. Et de partir pour un long trek au Népal. Se frotter à une première excroissance naturelle avec le Kala Patthar (« la roche noire ») à 5 600 mètres. Histoire de prendre un grand bol d’air pur et de balayer les mauvais esprits.

Plus qu’une expérience, ce fut une révélation pour Thibaut.



Depuis lors, les rêves de cimes extrêmes hantent ses nuits et ses jours. Une quête d’altitude dont il a fait son mode de vie. Ici et ailleurs. Des aventures qu’il ne vit pas comme de simples exploits sportifs. « C’est un package », dit-il. Un package fait de dépassement, d’amitié, d’entraide et de spiritualité. D’élévation des âmes. Quoi de plus naturel, du coup, que son « premier 8000 », pour reprendre la formule chère à Maurice Herzog, soit dédié à la « montagne de l’esprit », traduction népalaise de « Manaslu ». Une pointe dressée vers le ciel qui culmine à 8 163 m, 8e sommet le plus haut de la planète.

Mais avant de s’attaquer à cet ogre de glace, il a fallu s’aguerrir. Sportif depuis toujours, triathlète confirmé, passé par le rugby, la boxe et la plongée sous-marine, Thibaut va très vite se rendre à l’évidence. « L’alpinisme, c’est un métier ». Où tout doit être méticuleusement pensé, pesé. Une évidence qui le saisit dès sa seconde grande ascension, en 2017. Himlung Himal, 7 126 mètres. « Je venais de perdre ma mère et elle m’avait demandé de la déposer un peu haut... Je pars avec ses cendres. C’est très fort en émotion. Je me rends compte qu’avec la tête pleine et le cœur trempé, il est très difficile de monter. Un caillou dans la chaussure en bas, c’est un rocher sur la cheville en montagne ». Après trois tentatives, il affronte une tempête sur une paroi, souffre d’engelures légères aux doigts et au nez. Alors qu’il rebrousse chemin, il croise trois Espagnols, les prévient des conditions dantesques là-haut. L’équipée persiste et l’un d’eux laissera sa vie dans cette ascension. Thibaut rentre, lui, à son hôtel à Katmandou. Agacé par ce scénario contraire. « Sur le trajet, à pied, je m’interroge : j’étais prêt, j’avais le matériel, mais la montagne ne nous a pas laissé l’accès. Je me dis : c’est pas pour toi, il n’y a pas de maîtrise, la météo, elle t’accepte ou pas... ». Après 8 mois de préparation et autant de privations, après 27 jours en montagne, il s’offre, le soir de son arrivée dans la capitale népalaise, un gin tonic : « Et là, je m’en souviendrai toute ma vie. J’ai bu une gorgée et je me suis dit : il faut que je reparte, la montagne m’appelle, je le sens. » Trois jours après, il va dans un village pour une action humanitaire. « Mon sommet, ça a été cette rencontre avec les enfants. C’était juste génial. On entre dans une autre dimension ».

Regonflé par cette rencontre humanitaire, le voilà de nouveau au pied de ce roc capricieux. Déterminés, Thibaut et son sherpa parviennent, cette fois, au sommet d’Himlung Himal. En traçant leur route. Une ouverture de voie. « Une belle expérience et ma première histoire avec les enfants népalais », rembobine le sportif, sans parvenir à dissocier les deux émotions.

De retour au pays, entre Menton où il réside et Monaco où il travaille, Thibaut n’a déjà qu’une idée. Fixe. Y retourner. Il coche l’année 2021 pour son prochain grand défi : passer la barre mythique des 8000. Et découvrir le Tibet pour grimper au sommet du mont Cho Oyu (8201 m d’altitude). Mais il ne parviendra pas à obtenir un visa. Le destin le guide alors vers « la montagne de l’esprit », le Manaslu, au Népal. Départ de Nice le 24 août 2021 pour un retour le 18 octobre.

A Katmandou, sa « famille de la montagne » vient le chercher. Il rentre dans la préparation mentale. Etale des cartes dans sa chambre d’hôtel. Met une échelle dans le jardin pour se réhabituer à la traverser avec des crampons... « Ce qui ne rime pas à grand-chose, mais on se met dans l’état d’esprit ». Vérifie le matériel avec les sherpas de l’agence Wild Yack, Tashi, Kami ainsi que le sidar (patron des sherpas) Norbu. Thibaut considère ce dernier comme son papa spirituel en montagne.

« A ce moment-là, on a peur de tout. Est-ce qu’on n’a rien oublié ? Est-ce que je suis trop lourd ? (je pars avec plus de 40 kg de matos) Les batteries sont-elles chargées ? On essaie de se détendre avec un peu de course à pied. On profite des copains, des derniers moments où on mange correctement. Ce sont des instants chers. C’est un rituel, avec ses passages obligés, un peu comme quand on visite la famille en Normandie ».

 


 

OBJECTIF MANASLU : LE RECIT DE THIBAUT



C’est comme marcher sur la Lune. Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour notre alpiniste passionné. On le laisse raconter le récit de cette ascension physique et spirituelle. Avec ses mots. Bruts et vibrants.

« Vient le moment du départ. On prend une jeep et, le premier jour, on roule pendant près de 10 heures. Le lendemain, un effondrement de la route nous oblige à quitter les véhicules, nous charger et démarrer le trek d’approche. Il nous faudra une dizaine de jours pour arriver au camp de base. On dort en lodge, on a des accès aux douches tous les deux-trois jours. Cette marche, c’est une pré-acclimatation car on part, au plus bas, à 600 mètres d’altitude et on atteint une cime, le « Larkia Pass » à 5106 mètres. J’y ai vécu un moment de vie marquant. Il y a monsieur avec moi qui s’appelle Vincent - il a 62 ou 63 ans. Il n’était pas revenu au Népal depuis 25 ans. Et il est pris d’un mal des montagnes aigü. Il se met à délirer, à voir un de ses frères de cordée décédé. On est déjà dans l’émotion pure alors que ce n’est qu’un trek standard. L’objectif durant cette marche, c’est de perdre le moins d’énergie possible, d’être le plus efficace dans ses pas.


Le camp de base

Quand on voit le camp de base, on entre dans une autre dimension. On croise les premières échelles. Le soir, on a un premier brief pour la nuit parce que la veille, il y a eu une avalanche et qu’il y a déjà des choses à faire. Le lendemain, on a la chance d’y voir clair. Temps dégagé mais on n’aperçoit pas le but. Au camp de base, il y a une tente mess pour prendre les repas, une tente cuisine, une tente toilettes, une tente douche et des tentes personnelles pour dormir.

A partir de cette altitude-là (environ 5 500 mètres), on récupère beaucoup plus difficilement. On a mal au crâne, les gestes sont compliqués, il y a moins d’hygiène, on mange différemment. Plus on reste au camp de base, plus on s’acclimate... mais plus on s’épuise. On y reste le temps qu’il faut. S’il y a une ouverture météo mais qu’on n’est pas prêts, il ne faut pas y aller. On y fait plusieurs passages, car il est très rare de partir du camp de base, monter et revenir. On fait deux trois séjours en fonction de la météo, de son ressenti. On va jusqu’à camp 2 et camp 3. Puis on redescend. On se prépare. Le but, c’est d’aller chercher cette expérience physique.


Vers le sommet

Et puis un jour, on venait de rentrer de camp 3, le routeur envoie sur la radio : « ouverture météo sommitale dans cinq jours ». Il fallait partir le lendemain, donc quatre jours sont devant nous pour l’ascension... Camp 1, camp 2, camp 3, camp 4, sommet ! Cinq étapes, quatre jours... Il faut sauter un camp. Il y a toute la stratégie qui se dessine. Lequel on saute ? D’autres occidentaux décident de sauter camp 1 et de dormir sur camp 2. Moi, je ne veux pas. Il y a une dame, « Didi » (sœur en népalais), ça m’allait bien de l’accompagner jusqu’en haut (elle redescendra finalement après camp 2). Pour atteindre le camp 1, il y a 900 mètres de dénivelé avec des parties techniques. Des passages d’échelle au-dessus des crevasses, des séracs (bocs de glace) à grimper, des montées avec des échelles...

Après la nuit sur camp 2, je décide de rejoindre camp 4 et donc de sauter camp 3. Je suis parti avec de l’oxygène et au niveau de camp 3, je m’équipe parce que je ne veux pas passer à côté du sommet. Je regrette mais sans cette aide, je n’y serai pas arrivé. D’ailleurs, malgré l’oxygène, qui augmente le rythme cardiaque, j’ai quand même eu des engelures.

De camp 2 à 4, c’est 12 à 14 heures de marche. Sauter camp 3 fut une grossière erreur. J’arrive à camp 4 à 18h30 et l’attaque du sommet est prévue pour 22 heures ! J’ai 3 heures et demie pour manger et me reposer. Evidemment on ne dort pas. Là, il y a le corps qui s’affaiblit de minute en minute. On est à la frontière des 8 000. Je suis franchement entamé... La tente se fait fouetter par le vent. Je me dis : « on ne va pas pouvoir monter... » J’ai mon excuse. Et puis, à 23 heures, la tente s’ouvre, c’est l’heure. Je me chausse. On part dans les premiers, je voulais voir le lever du soleil... Raté ! C’est très physique. On tombe. Mon sherpa fait un boulot fantastique. On marche de 23 heures jusqu’à 8h30. Il y a l’appréhension des 8000, « la zone de la mort », mais on passe vite outre. On a une météo absolument parfaite. Du délire. On a cette vue monumentale. On est à l’altitude d’un Boeing. On rêve, on voit les autres 8 000 alentours. Un court instant, on est presque bien. Et puis, putain, on y est ! En haut, on a très peu de temps. Mais on profite.




La redescente

Pour la redescente, on doit dormir sur camp 4 et peut-être sur camp 3 si on est bien. Et moi, je me sens vraiment bien et j’annonce : « je rentre directement sur le camp de base ». Seul. Ça se fait. Au risque et péril de chacun. Mais je ne le ferai plus. J’ai eu une petite mésaventure sur une échelle. J’ai dû mettre trois-quarts d’heure à passer les 5 ou 6 barreaux de l’échelle. Je fais marche arrière, il y a une petite marche de 70 cm que je n’arrive pas à passer. Je suis bloqué. J’ai peut-être un peu vrillé. Là, il faut travailler sur soi. Ce retour en solo, ce n’est pas à refaire.

Mais, en dehors de cette mésaventure, les 14 heures de descente, c’est du pur bonheur. Elle est phénoménale, il y a de gros passages de séracs... En tout cas, je me suis régalé. Mais, j’ai conscience d’avoir été trop loin dans l’effort. Quand j’arrive au camp de base, j’entends dans les talkies-walkies : « He’s coming, he’s coming ! » On me cherchait.


 

Le chiffre

8 - A son arrivée, Thibaut fait son bilan de santé : il a huit engelures aux pieds dont il souffre toujours aujourd’hui.

 

La peur

« La première semaine, ce qui fait peur en altitude, c’est le bruit des avalanches. On entend que ça pète à côté, on ne sait pas d’où ça vient. On est entouré de blanc, sans bruit, on ne sait pas si c’est pour nous ou pas. Après, on s’y fait. Il y a une part de fatalisme qui nous gagne. Ces bruits de craquement, j’en rêve des mois après. »

 

Les sherpas 

« Ils ont une force mentale incroyable. S’ils décident de monter, ils montent. En revanche, s’ils disent stop, c’est non. Je suis très à l’écoute de leurs savoirs. Il ne faut pas jouer. C’est pas un électricien qui va éteindre un feu, c’est un pompier. Là, c’est pareil. »

 


 

Avril 2024 : réaliser le doublé Everest-Lhotse

Le prochain grand défi de Thibaut est de relier l’Everest (8848 m) au Mont Lhotse (8516 m) en passant par l’arête sud. « L’idée, c’est de monter l’Everest par la voie normale, côté népalais. Puis descendre par le col Sud et remonter le Lhotse. » Thibaut repart dans une préparation mentale et physique pour ce défi XXL que moins de 500 alpinistes ont réalisé sans oxygène. Davantage que l’Everest, c’est de l’arête sud de ce sommet mythique dont rêve l’alpiniste. « Ça doit être fou ! »

 


 

Portrait

La famille, la montagne :

ses deux pôles d’attraction

Il a un physique qui pourrait le faire postuler au casting de la série Vikings. Mais, ce n’est pas sur les flots que ce grand gaillard à la barbe fournie brave des tempêtes. Son horizon, ce sont ces murs de pierre, de glace et de neige qu’il met en travers de sa route. Des murs qui, une fois gravis, provoque le désir ardent d’en affronter d’autres. Tel Sisyphe revisité. Derrière sa nature robuste, chaque mot révèle pourtant une grande sensibilité. Un attachement sincère à ceux qui l’accompagnent dans ses ascensions et qui « sont devenus des amis ».  La culpabilité aussi de laisser, chaque fois, sa femme et ses deux enfants de 4 ans et un peu moins d’un an. Avec la conscience partagée de l’engagement mis dans ses expéditions. Du risque encouru. « Je passe le portique de l’aéroport, je culpabilise. On le vit comme un abandon. Un abandon qu’on génère. On promet de revenir mais on n’est pas dans la maîtrise totale, donc on ne promet pas grand-chose ».

Famille et montagne sont les deux pôles d’attraction de la planète Wadowski. Ses ailes du désir. Cette montagne dont il ne se lasse de conter la force des émotions qu’elle procure. « Il y a des matins où on se lève, il n’y a rien qui va. Et finalement, on passe la meilleure journée de sa vie. Il y a d’autres jours, on se lève, tout va bien, il fait beau... Et vous marchez et vous ne savez pas pourquoi vous pleurez. Ce sont de vraies sensations, c’est un truc qui n’est pas maîtrisable et c’est ce qui me plaît en montagne. Ces sensations, on les retrouve nulle part. On est face à nous-mêmes, il n’y a pas de triche. En triathlon, si vous n’avez pas envie de sortir, vous ne sortez pas. En vélo, quand vous en avez marre, vous rentrez, vous le rangez. Là, il n’y a pas ce droit de retour.

Et puis, il y a cette question : « pourquoi revenir tout le temps à ça. J’ai pas la réponse. Mais, pour mon anniversaire (le 25 octobre, ndlr), ma femme m’a dit : « je veux que tu repartes, parce que là, t’es profondément pas bien. Je rêve, je dors montagne. Cette passion, cette culture, les enfants du Népal... » Une culture dont il a embrassé le spiritisme. La philosophie de vie observée au Népal guide ses pas d’Occidental des hauteurs de Menton où il réside jusqu’à la Principauté de Monaco où il exerce la fonction de directeur de travaux.




 

Ces grands noms de l’alpinisme qui l’inspirent

« Tous les alpinistes ont leurs références. Quand on est sur le camp de base, il y a de vrais échanges, c’est très appréciable. Quand on rentre, on se cultive et ce partage constant vient entretenir cette envie ».

Dans son Panthéon, figure le Français Louis Lachenal, compagnon de cordée d’Herzog sur l’Annapurna ou encore l’Italien Reinhold Messner. Et, « en ce moment, Elisabeth Revol », extraordinaire alpiniste qui, en 2019, a gravi l’Everest puis le Lhotse le lendemain, et dont le sauvetage sur le Nanga Parbat en janvier 2018 avait tenu le monde de la montagne en haleine. Thibaut cite encore le Népalais Nims Daï qui enchaîne record sur record et dont les performances sont bluffantes.


 

La leçon d’humilité des enfants népalais



« Quand je rentre du Manaslu, je vais à l’hôpital et quelques jours après, je retourne auprès des enfants avec l’association Butterfly Help Project(1), dont l’objectif est de donner accès à la scolarité aux enfants et femmes de sherpas décédés en montagne. Mais, quand elle crée une école, cela bénéficie à tous... On reprend une leçon d’humilité. On est dans une école construite par l’association, à six heures de Katmandou et 3 heures et demie de marche de la première route. J’ai mal avec mes engelures, mais quand on voit des gamins qui ont trois heures de marche pour aller à l’école... et bien on se tait. On a ramené 120 sacs, des trousses, des stylos... et plein d’autres choses. C’était juste génial », souffle Thibaut, le regard perdu dans le souvenir de ces enfants du bout du monde. Du toit du monde.

Les sherpas, les enfants, la montagne. Là-bas, au Népal, dans un des pays les plus pauvres de la planète, le Monégasque a tissé une cordée virtuelle. Sa ligne de vie. Sa boussole.


1.   Bodhicitta (élèvement spirituel en népalais) est l’association créée par Thibaut pour recueillir des fonds pour Butterfly Help Project. Pour en savoir davantage sur les deux associations :  www.thibautwadowski.com ou www.butterflyhelpproject.org

 

 

Bouddhisme et spiritisme



La veille du départ pour le Manaslu, au camp de base, Thibaut participe à une cérémonie, « le Puja ». « C’est une offrande à la montagne. C’est un prêtre, un lama, qui vient demander à la montagne de nous laisser passer. Cela a beaucoup de sens pour moi. Il vient bénir, les chaussures, les crampons... On est face à la montagne, assis. Il y a des chants et des prières. A partir de là, on entre dans une autre dimension. Ce jour-là, le vent a soufflé quelques bandes de prières qui s’envolent. Les sherpas, tout de suite, sont entre peur et interrogations. Le lama les rassure : « vous avez de la chance, c’est très bon... » On y croit ou pas mais l’impact psychique que ça amène à nos sherpas et à nous par ricochet, c’est que du positif. »

Ce moment de recueil et d’apaisement a beaucoup de sens pour Thibaut qui a embrassé ce spiritisme pour sa vie. « C’est très important pour moi, tous les jours. Si tout le monde était davantage dans l’acceptation et le non-jugement, on irait un peu mieux sur Terre. Le bouddhisme, c’est un art de vivre. C’est être meilleur tous les jours. »

L’action vers les enfants, l’humilité qu’apporte la montagne, le fatalisme... « Tout ça, c’est une recette de vie qui m’affecte très profondément ».

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